
Yanieb Fabre
Paris
Yanieb Fabre crée une œuvre instinctive et immersive, mêlant codex graphiques, performances et paysages abstraits.
MessageYanieb Fabre est une artiste mexicaine, qui vit et travaille en France depuis 2013.
Arrivée au monde en 1983 avec un prénom inventé par son père pour un roman dont elle l’héroïne. Elle vit une enfance très différente de celle des enfants de son âge, suivant ses parents acteurs au gré des tournées, représentations et répétitions théâtrales. Jouissant d’une liberté totale dans un environnement artistique et culturel déconnecté des codes sociaux traditionnels. Elle se construit et grandit dans un contexte unique, un monde à part entière. Son éducation se fonde principalement sur l’observation de la nature. Dotée d’une sensibilité extrême, elle ressent intensément le monde extérieur qu’elle supporte sans toujours parvenir à le comprendre. Dès son plus jeune âge, elle s’exprime avec le dessin dans lequel elle trouve un refuge et un véritable moyen d’exprimer ce qu’elle appréhende de ce monde extérieur.
A 18 ans, étrangère au monde qui l’entoure, submergée par ses propres émotions, elle traverse une période difficile, cherchant son chemin sans arriver parfois à distinguer le rationnel de l’irrationnel. Pourtant, elle comprend instinctivement que cette sensibilité, cette différence, la façon dont les émotions se manifestent en elle font d’elle ce qu’elle est, et ce qu’elle souhaite profondément être et vivre. C’est tout naturellement qu’elle choisit de s’investir dans la création artistique pour exprimer et partager cet univers singulier, ses émotions et ses ressentis. Boursière, elle suit alors une formation académique dans les meilleures écoles d’art du Mexique, expose dans de nombreux musées, institutions et espaces au Mexique, en France et en Europe et gagne de nombreux prix.
Yanieb Fabre combine la vidéo, la danse et le dessin, appréhendant les arts visuels comme un mécanisme intuitif et un biais par lequel elle peut communiquer des pulsions et exprimer de façon obsessionnelle ses humeurs et ses passions. Ses œuvres sont liées à la nature, à l’univers et aux cosmogonies qui le compose, à l’étude de la lumière, au désir et à sa fascination pour l’origine animale de l'humanité. Inspirée par les mythes anciens, à la manière d’un chamane, Yanieb explore et libère son imaginaire dans un délire poétique, onirique et presque hallucinatoire où elle nous transmet sa propre vision de la manifestation spirituelle de la nature.
Statement
La pratique de Yanieb Fabre se déploie à la croisée du dessin, de la performance et de la narration visuelle. Artiste pluridisciplinaire, elle construit un langage singulier à partir de matériaux simples — crayons de couleur, feutres, graphite, pastel, huile — qu’elle emploie avec une rigueur presque obsessionnelle, dans des gestes répétés, accumulés, qui inscrivent physiquement le temps dans la matière. Son œuvre se structure autour de deux grands axes complémentaires : d’un côté, un univers graphique foisonnant, onirique et symbolique ; de l’autre, une série de tableaux abstraits plus récents, où le geste se fait plus silencieux, tourné vers l’intériorité.
Au cœur de sa démarche, le dessin est vécu comme une écriture corporelle, un espace d’exploration du soi et du monde. Elle remplit d’abord des carnets intimes — véritables journaux visuels leporellos de plusieurs mètres — où surgissent, sans hiérarchie, formes végétales, animales, humaines ou hybrides. Ces motifs, souvent inspirés de visions intérieures, de mythologies personnelles ou de mémoires affectives, nourrissent ensuite la réalisation de grands codex qu’elle déploie dans des expositions ou dans l’espace public. Yanieb Fabre y invente une temporalité distincte : chaque ligne, chaque figure se répond et se transforme, dessinant une cartographie mentale à mi-chemin entre le rêve, le délire et l’archive émotionnelle. Dans ces œuvres, l’iconographie foisonne : plantes, corps mutants, esprits, serpents ou étoiles se côtoient sans jamais fixer un sens unique, mais en sollicitant chez le spectateur une lecture sensible, parfois instinctive.
Depuis plusieurs années, cette dimension figurative et narrative s’enrichit d’un travail parallèle sur des œuvres abstraites. Ces pièces, plus resserrées, sont profondément liées à l’état émotionnel de l’artiste au moment de leur création. Certaines naissent dans la solitude d’un atelier, d’autres dans des environnements traversés — paysages corses, lumière changeante, intempéries. Parfois, l’artiste soumet même ses tableaux aux éléments : immersion dans la mer, exposition au vent, contact avec des pierres ou des galets. Ces expériences ajoutent à la matière une charge aléatoire, vivante, que Yanieb Fabre vient ensuite retravailler. Elle gomme, déchire, repasse, superpose, dans un rapport tactile et intuitif au support. L’abstraction devient ici un espace de condensation du ressenti — ni décoratif, ni formel, mais vibratoire, organique, poreux.
Ce qui traverse l’ensemble de son œuvre, c’est l’authenticité de sa démarche. Yanieb Fabre n’impose à sa pratique aucune limite esthétique ou formelle : elle change de formats, de techniques, de registres, sans se protéger derrière un style unique. Elle n’a pas peur de se mettre en danger, de se dérouter elle-même, tant que cela permet d’exprimer ce qui l’habite intensément.
Qu’elle dessine à l’échelle d’une vitrine (comme lors de sa performance à l’Institut Culturel du Mexique en 2021), qu’elle réalise une fresque spectaculaire dans un grand magasin de Mexico (Palacio de Hierro, 2023), ou qu’elle travaille seule pendant des semaines sur une surface dense de quelques centimètres, c’est toujours le même engagement physique et mental qui se joue. Le geste est répétitif, presque méditatif, tendu vers une forme d’épuisement fertile. Le temps est long, stratifié. Chaque œuvre témoigne d’un passage, d’un état, d’une dérive entre monde intérieur et réalité.
Yanieb Fabre développe ainsi une œuvre profondément incarnée, où le dessin devient à la fois acte de résistance, exutoire, rituel, et espace de communion. Elle brouille les frontières entre figuration et abstraction, entre intime et collectif, entre maîtrise et lâcher-prise. Dans ses tableaux comme dans ses codex, ce qui est donné à voir est moins une image qu’une empreinte : celle d’un souffle, d’un mouvement, d’un état d’être qui cherche à se dire autrement.
Yanieb Fabre est une artiste d’origine mexicaine installée en France depuis plus de dix ans. Issue d’une famille d’artistes et dotée d’une formation universitaire approfondie dans le domaine des arts, elle a su développer un langage artistique singulier. Récompensée par de nombreux prix, son travail a été exposé dans le cadre d’expositions individuelles et collectives à travers le monde, notamment au Mexique, aux États-Unis, en France, en Espagne, en Autriche et en Angleterre. Elle a récement réalisé une exposition individuelle à la Fondation Marek Keller à Varsovie et expose jusqu’à la fin septembre dans la galerie Duvivier au 27 rue Mazarine à Paris dans le 3ième arrondissement
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