Le Rouge et le Noir, ce titre accrocheur d'un classique de la littérature française du XIXe siècle écrit par Stendhal, sert de prémices au défi lancé aux artistes pour la création d'une oeuvre conçue dans le cadre de cette exposition collective. J'ai choisi de vous présenter "Rouge tendresse", une interprétation plastique de Mme de Rénal, mon inspiration. La couleur rouge domine mon œuvre pour la symbolique amoureuse, et le noir pour le côté sombre qui entoure leur destin. La ligne encerclant les contours de Mme de Rénald suggère la tourmente de l'amour défendu qui la plonge dans l'incertitude et l'anxiété. Un cercle infernal de questionnement poussé par les contorsions d'un amour impossible sans issues où la femme se remet constamment en question. Je n’ai pas l'âge pour cet amant, c’est de l'adultère, aurais-je enfin le grand amour? oui je le mérite, es-ce possible? je suis inappropriée, je n’ai pas le bon rang social,... S'en suivra une tourmente qui la conduira à sa perte.
Mme de Rénal:
"Tu n'as pas voulu de moi cette nuit? Il est des moments où je crois n'avoir jamais lu jusqu'au fond de ton âme, tes regards m'effraient, j'ai peur de toi. Grand Dieu ne m'aurais-tu jamais aimée? (tirée du livre Le rouge et le Noir, p 165)
Ne m'aimes tu pas? Es-tu las de mes folies, de mes remords impies? Veux-tu me perdre?"
Sur fond rouge, c’est aussi la couleur du désir, des forces vitales, de la passion, de l’amour. Une femme voluptueuse au visage doux s'étend de toute sa splendeur et se recouvre de son immense main comme pour protéger son mal d'aimer et se fondre au rouge de l'arrière plan. C’est la force sa nature, l’amour. C’est le rouge intime qui colore ses joues « si pâles ».
Mon intention est d'inciter le spectateur à ressentir l'émotion que j'éprouve en lisant ce livre, à percevoir le côté féminin, à voir ce qui la conduira à l'ultime sacrifice. Il faut aussi comprendre le côté sombre de mal aimer, l'obsession et son addiction à Julien qui la conduira à sa perte. Elle est victime du désir et on peut se demander si cette histoire de 1828 n’est pas toujours actuelle.

Danielle Doucet