- John Lewis
- Sans titre
- Acrylique sur toile
- 56 x 71 cm
- Inv: 15-25
John Lewis Tjapangati est un artiste aborigène australien né vers 1955 à Yuendumu, dans le Territoire du Nord. Membre du peuple Warlpiri, il réside à Billiluna, en Australie-Occidentale, et est affilié au centre artistique Warlayirti Artists.  
Actif depuis le milieu des années 1980, Tjapangati est reconnu pour ses peintures aux motifs forts et structurés, qui s’inspirent des traditions culturelles et spirituelles de son peuple. Ses œuvres, souvent réalisées à l’acrylique sur toile, sont présentes dans d’importantes collections publiques et privées. 
Son art reflète les “Dreamings” (rêves) du Corbeau et de l’Émeu, éléments centraux de la cosmologie Warlpiri. Il est également lié aux régions de Lake Wills et Lake White, qui constituent son “Pays” ancestral.
Le Voyage du Corbeau Ancien
Il y a longtemps, bien avant que les Hommes ne marchent sur la terre, le Corbeau Ancien (Warlawurru) s’éveilla sous un ciel sans lumière. Il venait des terres du nord, et son plumage noir portait en lui les mystères du monde à naître. Guidé par la soif et la curiosité, il se mit en route à travers le désert rouge.
À chaque cercle sacré qu’il touchait — ces points visibles sur la toile — il laissait une trace : un feu sacré, une histoire, une empreinte de son passage. Ces cercles devinrent des sites d’eau et des lieux de cérémonie, où les peuples à venir pourraient se réunir et se souvenir.
Le Corbeau suivait les lignes sinueuses — des chemins invisibles que seuls les êtres du Temps du Rêve pouvaient voir. Elles ondulaient comme les dunes balayées par le vent, ou comme les chants qui flottent dans l’air lors des grandes cérémonies.
Un jour, il arriva à un vaste lac sec, que nous connaissons aujourd’hui comme Lake Wills. Là, il rencontra l’Émeu Ancien (Karlu-Karlu), et une grande dispute éclata : tous deux revendiquaient le territoire. Ils chantèrent leurs lignes sacrées, dans un duel de récits et de pouvoirs. La terre trembla sous leurs voix. Leurs pas, leurs danses, leurs cris sont encore visibles dans les formes concentriques et éclatées que Tjapangati a peintes ici.
Finalement, le Corbeau céda. Il repartit vers l’est, laissant derrière lui la sagesse de ses chants et les cartes de son voyage inscrites dans la terre, transmises de génération en génération.
Et aujourd’hui encore, lorsque les anciens peignent ces formes, ils rappellent aux jeunes que le Corbeau Ancien veille — non pas depuis le ciel, mais depuis chaque pierre, chaque dune, chaque cercle de la toile.